Depuis 2020, la demande pour des itinéraires longue distance sans avion a bondi de 35 % en Europe, selon l’Agence européenne pour l’environnement. Les trajets reliant l’Europe à l’Asie restent rares, mais quelques voyageurs parviennent, malgré la rareté des liaisons, à rallier Tokyo depuis Paris sans jamais monter à bord d’un avion ni quitter la terre ferme ou la mer.
Trains transcontinentaux, ferries russes, traversées entre la Corée et le Japon, multiplication des trains de nuit : les alternatives sont réelles, même si elles réclament une organisation minutieuse. Le temps, les formalités de visas, la planification des correspondances complexes, autant d’embûches qui freinent les plus hésitants. Pourtant, le pari attire, servis aujourd’hui par des sites spécialisés et plusieurs compagnies qui assurent la logistique sur plusieurs pays.
Pourquoi choisir le Japon sans avion ? Enjeux écologiques, expérience et défis à relever
Prendre la route du Japon sans avion, c’est choisir un autre rapport au voyage. Ceux qui tentent l’expérience veulent révolutionner leur façon de bouger, en prenant le parti d’avancer plus lentement, d’accepter la distance. Il ne s’agit plus seulement d’arriver ; le trajet lui-même devient une manière d’agir sur son impact : un aller-retour Paris-Tokyo en avion représente presque 2,5 tonnes de CO2 par personne, tandis qu’une traversée Eurasienne par voies ferrées et par mer en coûte environ quatre fois moins.
Ce parti-pris questionne tout un mode de vie et oblige à faire face à des limites qui, d’ordinaire, sont masquées par la vitesse de l’aérien. Sur la route, chaque frontière se ressent, chaque changement de train ou de fuseau horaire ajoute à la densité du périple. On voit défiler paysages et cultures à un rythme que l’on pensait révolu. La distance, assumée, donne du relief à l’expérience, qu’il s’agisse d’un premier voyage au Japon ou d’un retour attendu.
La démarche impose un vrai sens de l’organisation : démarches pour les visas, réservation des ferries, lecture des grilles horaires, et compréhension des systèmes ferroviaires parfois alambiqués. Préparer un voyage au Japon sans avion revient à composer son propre itinéraire, à accepter l’imprévu et à sortir du tracé classique pour se frotter à la réalité des liaisons continentales.
Quelles alternatives concrètes pour rejoindre le Japon sans prendre l’avion ?
Le parcours emblématique traverse la Russie à bord du Transsibérien. Ce mastodonte du rail sillonne les steppes et la taïga sur près de 9 300 kilomètres, jusqu’à Vladivostok. De là, des ferries embarquent les voyageurs vers Sakaiminato ou Tottori, ports japonais prisés selon les saisons et les compagnies maritimes.
En parallèle, certains voyageurs préfèrent contourner la Russie, notamment depuis la fermeture de certaines frontières. Dans ce cas, il existe un itinéraire sud que voici :
- Traverser l’Europe centrale, puis la Turquie, franchir l’Asie centrale ou la Chine pour rallier ensuite la Corée du Sud par rail ou route.
- Depuis Séoul ou Busan, embarquer sur un ferry régulier pour rejoindre Fukuoka ou Shimonoseki, à la pointe nord de l’île de Kyushu.
Deux axes principaux structurent ce parcours via plusieurs territoires :
Ce détour dévoile le dynamisme des trains à grande vitesse chinois et donne la mesure de l’immensité du continent, avant d’atteindre les archipels du Japon.
- Via la Russie : Transsibérien jusqu’à Vladivostok, puis ferry pour Sakaiminato
- Via la Chine et la Corée du Sud : trains et ferries en plusieurs étapes
Les voyageurs ont donc le choix entre deux grands axes pour relier le Japon à travers l’Asie :
Qu’importe la variante, chaque option réclame de surveiller les horaires à chaque étape, d’anticiper les formalités administratives et de réserver sa traversée en mer. Aujourd’hui, la coordination est simplifiée grâce à l’existence d’opérateurs transnationaux et de sites qui condensent ces longues liaisons.
Itinéraires conseillés, astuces pratiques et conseils pour un voyage réussi jusqu’au Japon
Choisir son itinéraire : du grand classique au secret bien gardé
Arriver par la mer, à Fukuoka ou Sakaiminato, c’est souvent poser le pied sur l’île de Kyushu, porte d’entrée pour explorer les multiples facettes du Japon. Beaucoup privilégient la grande boucle reliant Tokyo, Kyoto et Osaka. Sur ce corridor ferroviaire, tout s’enchaîne : quartiers effervescents, sanctuaires reculés, jardins et marchés à découvrir à chaque arrêt. Tokyo surprend par son énergie, Kyoto fascine par la sérénité de ses temples, Osaka attire curieux et gourmands en quête de spécialités.
Pour aller plus loin, direction Nara et la quiétude de ses parcs peuplés de daims libres, puis cap à l’ouest, vers Hiroshima et l’île de Miyajima, où le torii flottant inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO attire voyageurs et pèlerins.
Optimiser ses déplacements : pass ferroviaires et connexion mobile
Au Japon, le Japan Rail Pass s’avère vite indispensable pour sillonner le pays à tarif contrôlé. Valable sur la plupart des lignes, il couvre les shinkansen et amortit son coût dès quatre longs trajets. Autre conseil de terrain : louer un pocket wifi à votre arrivée. Ce boîtier portable garantit une connexion stable partout, idéale pour traduire un panneau, réserver un logement, ou consulter un horaire en chemin.
Ne pas s’arrêter à Honshu : Kyushu, sources chaudes et volcans
L’île de Kyushu, souvent délaissée, mérite une vraie place dans le voyage. Séparée du continent, elle multiplie les atouts : onsen réputés, reliefs actifs comme le mont Aso, gastronomie singulière et ambiance chaleureuse dans des villes telles que Kumamoto ou Kagoshima. C’est l’occasion de savourer une facette plus posée du Japon, régulièrement oubliée des circuits sur mesure.
Voici quelques pistes pratiques pour ne pas passer à côté de votre odyssée japonaise :
- Pensez à réserver vos trajets de train dès que possible, surtout en haute saison
- Explorez les pass régionaux, qui peuvent mieux convenir que le grand pass national selon vos étapes
- Adaptez vos haltes à la saison : contemplation des sakura au printemps, feuilles rouges en automne
Rallier le Japon par voie ferrée ou maritime, c’est renouer avec le rythme réel du continent. La route façonne la mémoire tout autant que la destination finale. Ceux qui osent traverser l’Europe et l’Asie par le sol ne verront plus le lever du soleil japonais de la même manière. Prendre le temps change tout.